Ils sont rares, ces films dont l'évocation du titre met mal à l'aise. L'énigme de la formulation véhicule une angoisse pesante et c'est le premier acte de violence qu'assène le réalisateur Stanley Kubrick. Le premier d'une série ininterrompue de coups à la tête, pardon, au gulliver, du public. Mais quel talent dans l'application des jolis coup de hache dans l'histoire du cinéma. Pas une faille dans la garde noire et négative de Mr Kubrick. Tout est impeccablement dépouillé de ce qui pourrait générer la plus petite étincelle de bonheur des personnages. Le scénario danse sur une musique grandiose, le rythme même de la violence est emprunt d'une dérision qui nargue le public-adversaire de la façon la plus perverse qui soi. Mr Kubrick cache une épée sous toutes les scènes et le public ne peut que foncer droit sur la muleta grotesque que représente les saluts psycho-scientifiques du film. Ce n'est pas une simple plongée en enfer avec une carte de presse comme bouclier ; Orange Mécanique est un réel jeu pervers, doublé d'une acide critique politique et sociale, orchestré par un génie maniaque du cinéma qui ne lâche sa proie qu'au générique de fin.
Oubliez les rejetons snobinards et gavés de gags gonzo-journalistiques (c.f. Las Vegas Parano & Trainspotting) et venez admettre votre humilité devant la pureté absolue du proto-père, de l'Ouranos des films (de) stupéfiants, venez vous défaire devant le champion jamais égalé de la violence cinématographique.
Toujours mercredi 21h, et toujours en amphi bio.