Problèmes d'alcool dans le foyer? Problème de foyer dans l'alcool?
Voilà une petite réflexion dont je voulais vous faire part. J'entends beaucoup dire que cette mesure de suppression de l'alcool au foyer est injuste, ridicule, inadaptée, n'a aucun autre intérêt que celui d'une bonne fessée à un gamin (et encore, en ce qui me concerne j'estime une fessée plus productive), n'est même pas éducative... Bref je ne vais pas vous faire une liste exhaustive. J'ai tendance à penser dans ce sens, mais ce sur quoi on ne s'est jamais interrogé, et qui est pourtant le problème de base concernant cette mesure, c'est: Dans quelle mesure l'alcool est-il responsable des troubles qui ont eu lieu au foyer?
Parce que, finalement, si on reprend les problèmes du foyer, sont-ils liés à la seule présence de l'alcool? Le lieu est sale, parfois repoussant, avec des mouches et des odeurs de tabac froid et de bière mélangées. Bien entendu l'alcool n'est pour rien là dedans. Je ne réécrirai pas un couplet sur le comportement des usagers du foyer, mais j'y pense beaucoup.
L'incident de l'an passé qui nous a valu une fermeture du foyer est sans aucun doute lié à l'alcool. Est-ce que ce ne serait pas arrivé s'il n'y avait pas eu de bières au foyer? Sûrement oui, je veux bien l'admettre.
L'incident de cette année est bien différent. Tout d'abord il n'a pas mis en jeu le moindre dommage matériel. Je veux bien admettre un préjudice moral, quoique je ne me sois jamais senti vraiment offensé en voyant un chien pisser sur la roue de ma voiture, et qu'il est communément admis que pisser sur une serrure est un excellent moyen de la dégeler. Le préjudice est ridicule, et ne résiste pas même à un bon seau d'eau.
Maintenant on va dire que l'alcool a motivé cet incident. Ca me semble quand même un raccourci un peu rapide, et difficilement défendable. Je me souviens de ce moment, où quelqu'un est arrivé en disant Eh vous savez quoi? Dans le parking y a une SL500, qu'est-ce qu'elle fout là? Elle a même pas de macaron ENS! (Pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est un des modèles les plus chers de Mercedes, non seulement une très belle voiture mais aussi un moteur énorme [306CV pour ce modèle], enfin bref un modèle qui sans option vaut la bagatelle de 112000\texteuro) La discussion est vite devenue Mais c'est n'importe quoi, aucun chercheur n'aura jamais les moyens de se payer ça! Même pas quelqu'un de l'administration! Et l'ENS devient un garage? A suivi un moment de suppositions, par exemple qu'il y avait un CA et les gens de Danone ont laissé leur voiture, ou ce genre de chose: il faut dire que ces gens là n'ont pas toujours très bonne presse, surtout au foyer. La suite n'est pas très intelligente, mais elle est purement symbolique. Pisser sur un symbole, c'est cracher dans un calot ou pisser sur une statue: pas vraiment malin, pas vraiment productif, mais à jeun ou saoûl ça soulage certaines personnes. Attention, je ne dis pas que le geste est excusable, mais franchement il ne mérite pas l'attention qu'on lui porte. Je tiens à faire remarquer que personne, pas même le plus révolutionnaire, le plus bête, le plus saoûl, le plus vindicatif, n'a pensé à balancer une manchette ou un coup de latte dans un rétro. Chez moi ça se pratique couramment par les gars des cités qui se balladent dans la rue, on ne peut plus sobres, et qui ont envie d'emmerder les bourgeois. Dans le cas présent, je pense que l'emmerde se comptait sur 4 chiffres, en euros bien sûr, et alors on aurait légitimement considérer que l'acte était très grave.
J'aimerais qu'on m'explique en quoi le fait que les étudiants aient été sous l'empire d'un état alcoolique est en rapport avec ce qu'ils ont fait, mais tout de même en ne posant même pas une clef sur la carrosserie qui est restée en bon état, en ne dessinant pas au feutre sur les phares, en ne mettant même pas un autocollant sur le pare-brise! Franchement, des gens saoûls comme ça, j'aimerais qu'il y en ait plus sur terre, j'aimerais même que certains sobres soient un peu plus saoûls. Mais ce n'est que mon avis.
Un dernier point qu'il me semble nécessaire d'aborder est le problème de l'alcoolisme au foyer. Vu qu'on nous parle de double souci de la préservation de la sécurité des biens (je trouve les biens de l'ENS bien peu menacés, pardonnez moi) et des personnes (avez vous noté ça? Jamais une bagarre au foyer! Même entre gens saouls, jamais la plus petite claque! Tiens ça c'est drôle, alors il ne resterait peut-être plus que la sécurité des biens) mais aussi de santé publique, il faut bien parler de santé publique.
Certes, au foyer il y a des gens qui boivent. Ce n'est un secret pour personne, c'est indéniable. Mais que feraient ces gens si ils ne pouvaient pas boire au foyer? En général on ne boit pas parce qu'il y a de l'alcool à disposition, sinon il y aurait beaucoup plus d'alcooliques sur terre et on aurait du mal à garder un peu de vin à la cave. Je pense à deux personnes. Une première qui n'allait pas très bien, qu'on ne voyait pas beaucoup au foyer, qui avait quand même l'air de tenir le coup. Sauf qu'on a fini par s'apercevoir qu'il buvait. Tout seul. Chez lui, le soir. \`A partir de là on a fait attention, mais je pense que ça aurait pu être bien pire. La deuxième n'allait pas très bien non plus. Il s'est mis à boire beaucoup, de plus en plus souvent, au foyer. Oui, il buvait les bières du foyer. Mais du coup il ne buvait pas tout seul, et on a mis trois bonnes semaines à le calmer, voire un peu plus, mais au bout du compte il n'est pas alcoolique. Ce deuxième habitait loin de l'école, je ne suis pas sûr qu'on aurait vu qu'il buvait chez lui.
Interdire l'alcool est-il donc un geste de préservation de la santé publique? Je pense que c'est un peu le contraire. Depuis la fermeture du foyer, je n'ai pas moins bu, et je ne vois pas comment on peut imaginer que ne plus laisser de l'alcool au foyer pourrait inciter les gens à moins boire. Les gens boivent chez eux, ou en ville, et il y a moins de limite quand on boit avec des gens qui ont la même envie qu'en société, à côté de gens sobres...
Ne resterait-il plus que la préservation de la sécurité des biens? Biens qui se résument en tout et pour tout, rapellons-le, à un flipper en dépot au foyer. Dégradation qui a été gérée par le foyer, sans trop de vagues.
C'est pour finir ce qui me gêne dans cette mesure. On nous dit qu'on a été méchants (ce qui n'est pas complètement faux, mais c'est l'affaire de peu de gens, sur des incidents localisés et, contrairement à ce qu'on nous dit, très peu fréquents), qu'il faut nous empêcher de nuire et surtout de nous nuire. Beau projet, mais en réfléchissant un peu on voit que la mesure n'empêche personne de nuire, ne nous empêche pas le moins du monde de nous nuire. Quelle est donc sa légitimité, mis à part présenter une image asseptisée de l'école, où les élèves sont drôlement gentils, ils font même des fiestas au champomy et à la tourtel, d'ailleurs ils vont très bien merci, ce sont des gens raisonnables qui boivent un verre de vin pour la santé de leurs petites artères, pas plus. Peut-être sauver l'administration de la responsabilité d'incidents qui me semblent largement montés en épingle (particulièrement pour le dernier), et qui ne font pas courir grand risque. Ou bien donner des arguments supplémentaires, de ces arguments qui font taire l'opposition quand ils sortent, au moment où il faudra vraiment parler du budget du nouveau foyer dans les détails, et de son aménagement, toujours dans le détail.
Quant aux problèmes internes du foyer, ils n'ont rien à voir avec l'alcool, et si je n'en ai pas parlé c'est parce qu'ils n'ont rien à voir avec ce qui nous a occupé ici.
Alors finalement, y-a-t-il vraiment un problème avec l'alcool au foyer? Plutôt des problèmes de gens avec l'alcool, qui n'ont rien à voir avec le foyer, et qui seraient sûrement pire s'ils n'étaient contenus dans le foyer. (avez vous déjà entendu parler de cette histoire, à Centrale Lyon? Les gens du X3 avaient fait une fiesta à leur étage et... ils avaient recouvert leur étage de 5cm de bière... C'est là que je nous trouve pas bien méchants, malgré ce qu'on nous dit.) Bien dommage de devoir faire les choses en se cachant (surtout... euuuuh non je ferai pas cette blague), alors qu'on sait que c'est toujours plus mauvais que de laisser les problèmes en lumière et d'essayer de les traiter, plutôt que de les réprimer.
Sto.