Vers un assouplissement des mesures restrictives de l'administration

Etant particulièrement concerné par la mesure, je voudrais réagir à propos de cette incompréhensible initiative de l'administration dont nous sommes tous victimes. En effet, vous avez tous reçu vendredi dernier (dernier est bien subjectif, disons le 14) un courriel (j'adore ce mot) vous informant des nouveaux horaires de la bibliothèque. Heureusement, le BDE (Bureau Drôlement Efficace) organisa immédiatement une réunion pour le lundi suivant, afin de parler du problème avec tous les adhérents qui le souhaitaient.

Pour les rares personnes qui ne sont pas au courant, la bibliothèque ouvrait depuis le début de l'année du lundi au vendredi jusqu'à 19h. Comme les élèves commençaient à gronder, l'administration prit alors cette décision de laisser la bibliothèque ouverte jusqu'à 21h en semaine et de l'ouvrir quelques heures le samedi. Nous ne pouvons laisser passer une telle demi-mesure. Car il est bien évident que cette décision n'a été prise que dans l'unique but de faire passer la pilule à tous ces étudiants assoiffés de science. Je sais bien qu'il ne faut pas faire que travailler, que les séquelles sur ceux qui abusent de la bibliothèque, de la diversité et de la facilité d'accès de son contenu, peuvent être des plus dramatiques. J'avoue aussi qu'il peut paraître affligeant de voir à la fin d'une soirée difficile des gens faire des concours de la plus grosse connaissance mathématique, mais il faut reconnaître que la plupart des élèves font un usage tout à fait raisonnable de ce lieu, et je trouve fort regrettable que l'accès en soit limité à tous à cause de certains qui ont pu, il est vrai, aller trop loin. Alors on pourra toujours me répondre qu'on peut très bien passer une bonne soirée entre amis sans étudier, ce à quoi je serai tenté de resservir le bon vieil argument qui demande à celui qui n'a jamais fauté de jeter la première pierre. En effet, qui dans cette école, élève ou non, n'a jamais connu un excès dans sa jeunesse, et qui, même aujourd'hui, ne prend jamais un petit plaisir à ouvrir un bouquin scientifique de temps à autre? Qui pourrait supporter qu'on lui interdise ce petit plaisir, sous le simple prétexte que certains ont exagéré? Alors il ne faut pas s'étonner que les scientifiques aillent tous en lettre, où il y a une grande bibliothèque ouverte très très tard (bien qu'il y ait là-bas au moins autant d'excès à déplorer).

Mais revenons sur la réunion de lundi. Alors au début les gens ont commencé à parler du foyer. Ca, je peux tout à fait le comprendre. En effet, il faut bien passer quelque part tout ce temps où on nous interdit d'étudier. Et puis ils ont commencé à parler d'alcool. C'est à ce moment que j'ai presque eu envie de dire merci à la direction de l'école. Les gens sont-ils si accros aux livres de maths (ou autres) qu'ils ont envie de noyer dans l'empire de l'alcool leur chagrin de ne pouvoir les consulter le dimanche. Après la discussion est complètement partie en vrille, au point que je me suis demandé quel était vraiment le but de cette réunion. Mais j'ai regardé autour de moi, il y avait là pas mal d'autres agrégatifs, donc je ne m'étais probablement pas trompé. Même Trimard, qui est d'ailleurs grandement responsable de cette situation avec sa consommation abusive d'ECTS, était présent. Par contre je notais aussi qu'il manquait des gens. Il y en a donc qui ne se sentent pas concernés par la mesure. Qu'il y ait des gens qui ne fréquentent pas beaucoup cette bibliothèque, je peux le concevoir, moi même je ne fais régulièrement qu'y passer, mais que les gens ne s'indignent pas devant ce genre d'interdiction arbitraire que l'on adresse habituellement aux enfants irresponsables... Et puis cette bibliothèque, c'est aussi le symbole de la vie étudiante. En effet, n'est-il pas plus agréable d'étancher sa soif (de connaissance toujours) avec ses amis, d'autant qu'il y a plein de nouveaux amis qui sont arrivés il n'y a pas longtemps et qui n'auront donc pas connu très longtemps les soirées mémorables organisées chaque semaine. Et les soirées parrainages, pendant lesquelles les vieux montrent aux 1A une partie de leur savoir, que vont-elles devenir dans ces conditions? Et les soirées des inter-dep, celles où chaque département faisait découvrir aux autres son coin de la bibli, tout va donc disparaître? Je ne saurais m'y résoudre. Heureusement que les inter-ens se déroulent chez nos amis cachanais, qui jouissent encore de leurs droits et qui sauront nous en faire profiter.

Tout de même, triste époque, c'était mieux avant.

Ce qui est le plus vexant finalement dans cette affaire, c'est qu'il y a manifestement quelques incompréhensions ces temps-ci entre les élèves et l'administration et que personne n'a pensé à faire appel aux Bisons-Pépito, qui ont pourtant fait leurs preuves à maintes reprises par le passé. Je ne parle même pas des soirées open-Pépito, qui permettraient faire de bonnes soirées sans bibliothèque, avec pas trop d'alcool pour pouvoir se remettre au travail dès l'ouverture le lendemain (au fait, la Zubrowka c'est un alcool?), mais avec beaucoup de délicieux sablés croustillants recouverts d'une couche fine mais non moins substantielle de chocolat fin et croquant. Non, je parle d'un système révolutionnaire qui permettrait d'éviter les excès. On pourrait instaurer un système de pointage à la bibliothèque, et en fonction du nombre d'heures qu'ils y passeraient, les élèves se verraient attribuer des crédits qu'ils devront ensuite échanger contre des bières gratuites, disponibles directement sur place, selon un barème qui reste à définir. Bien sûr, on n'aurait pas le droit de rester trop longtemps à la bibliothèque sans prendre une pause et consommer les crédits fraîchement accumulés. Le seul petit bémol à cette mesure c'est qu'on se verrait refiler une deuxième pico-puce dont seule l'ENS Lyon a le secret, mais réfléchissez à la portée de cette innovation. Le WEI se fera bien sûr à la bibliothèque (les heures de travail en week-end compteront doubles), et pour les soirées à thème, la bibliothèque regorge d'idées, chaque salle pourrait ainsi avoir sa propre ambiance, un peu comme le bar géol du gala 2004, mais en plus grand plus beau plus mieux. Imaginez donc une soirée espaces de Lebesgue, parfaite pour un début d'année, et encore plein d'autres mauvais jeux de mots tout au long de l'année. Ainsi, puisque malgré les tableaux noirs installés au foyer pour attirer les élèves trop travailleurs qui refusaient de se détendre, les débordements ont persisté, c'est le foyer qui s'installera à la bibliothèque. Les gens qui avaient une vie saine et qui descendaient régulièrement au foyer y trouveront également leur compte puisqu'ils gagneront de précieuses minutes. En outre, plus les gens se rendaient souvent au foyer, plus ils gagneront de temps grâce à cette mesure, et donc mieux ils seront classés à l'agrégation! Si ça ce n'est pas une belle morale...

Lakao, agrégatif,
mais toujours responsable rien

La Tartine n°37 - Répondre à cet article
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