Je reviens du Forum Equation organisé ce jeudi à l'Ecole de Management de Lyon (EM), et force est de constater que cette mascarade fut fidèle à l'idée que je m'en faisais. Oh, mais je suis mauvaise langue, le succès de cette journée devrait m'inspirer le respect : rendez-vous compte, plus de 550 étudiants étaient présents !! Le directeur de l'EM ne manqua pas de le faire remarquer... Mais au fait, la présence de bon nombre d'entre eux n'était-elle pas obligatoire ? Quant à notre directeur, j'ai trouvé ses interventions sur l'éducation particulièrement pertinentes : en presque un an et demi à l'ENS, je n'ai jamais (disons presque jamais) entendu parler d'enseignement, d'éducation ou de pédagogie (ce qui pose également des problèmes quant au respect des valeurs fondatrices de l'ENS, mais c'est une autre question). Heureusement, d'autres intervenants ont pu sauver les débats, c'est qu'ils s'y connaissent en développement durable les rois de la finance ! Ils savent analyser les zones d'enjeu, mettre en place des process, ... enfin ils savent surtout parler, et confondent allègrement (et certainement très hyproctiyement) développement durable et développement économique à long terme de l'entreprise. Mais tout ça est un peu facile, penchons nous sur un problème plus épineux : pourquoi est-il impossible de dialoguer avec eux ? D'abord il est évident qu'il y a un problème de vocabulaire, mais face à une personne compréhensive, ça ne devrait pas être insurmontable (encore faut-il la trouver). Le fond du problème n'est pas là, il réside dans les hypothèses de départ. Par exemple, il semble que le directeur de BNP Paribas prenne pour acquise la légitimité du principe du retour sur investissement. Il n'en discute même pas, elle est indiscutable. Désolé, mais je ne l'entends pas de cette oreille ! D'autant que si l'on accepte ce principe, alors il n'est plus question d'un quelconque développement durable, qui suppose que l'on agisse parfois à l'encontre de son intérêt financier et/ou personnel ! Bref, ce fut une belle opération de communication (parrainée je vous le rappelle par certains de nos ministres et BNP Paribas. Si si, regardez le prospectus, vous ne pouvez pas les rater !) et je remercie sincèrement (?) notre direction de nous y avoir associé !
P.S.: il semblerait que la critique ne soit pas admise en ce moment, au titre du devoir de réserve auquel sont soumis les agents de la fonction publique. Je suis fonctionnaire et me plie donc comme les autres au devoir de réserve et d'integrité, qui ne stipule en aucun cas qu'un agent n'a pas le droit de formuler des critiques envers sa hiérarchie mais qu'il doit éviter tout ce qui pourrait porter atteinte à la dignité de ses fonctions ou à sa capacité de les exercer, donner lieu à scandale ou compromettre les intérêts du service public. Ne croyant pas rentrer dans ce cadre, je me permets de soumettre ce texte à la communauté.