Interview hors-norme avec un artiste contemporain qui a des idées à faire entendre

Lorsqu'un journal d'exception rencontre un homme d'exception...

C'est avec un bonheur immense que je suis parti interviewer pour La Tartine le talentueux et non moins célébrissime chorégraphe Phulbert. Je me retrouvai devant un immeuble d'avant-garde à l'intersection de Garibaldi et de la grande rue de la Guillotière. Je sonnai à l'interphone. Une voix grommeleuse me demande de m'identifier puis de monter au 6$^{eme$. L'ascenceur est très moderne. Je sonne, on m'ouvre. Il est assis en face de moi, dégageant une aura, mélange de classe et de mystère, la marque des grands artistes. Notre hôte est méfiant, puisse en témoigner l'important dispositif de vidéosurveillance qui a décrypté le moindre de mes gestes depuis mon entrée dans l'immeuble. Je décide de prendre un siège et de commencer mon interview.

La Tartine : Bonjour Phulbert.

Phulbert : Bonjour.

LT : Phulbert, le grand public a pu découvrir l'étendue de votre talent lors de l'épreuve de chorégraphie des Inter-Ens. Ce jour là, votre troupe a enflammé le gymnase, désormais mythique, de Cachan. Qu'aimeriez-vous que les gens retiennent de ce moment?

Ph : Vous savez, je suis là pour créer du bonheur, apporter un moment de détente aux gens, les faire sourire au milieu de leur vie, bien trop réglementée . Les gens ne prennent plus le temps de se poser, de regarder, d'apprécier l'instant présent. Mon but est de les émerveiller et de leur rappeler, quelque part, la magie de leur enfance.

LT : Vos détracteurs, au nombre desquels on peut compter certains de vos anciens collaborateurs, vous accusent de vous attribuer toute la gloire d'un tel événement, au détriment de tous ceux qui ont fait partie de cette aventure. Comment réagissez-vous à cela?

Ph : Je comprends que quelques individus aient besoin de critiquer pour se sentir exister. C'est dans la nature humaine. Mais je suis au-dessus de toutes ces basses querelles, voyez-vous. Ce que je sais, c'est que j'ai été parfois jusqu'à mettre en parenthèse ma vie pour essayer de donner à la chorégraphie ses lettres de noblesse. Ces anciens collaborateurs, comme vous les appelez, ont certes travaillé avec moi, mais n'ont pas mérité pour autant une reconnaissance éternelle de leur contemporains... et le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé.

LT : Quoi qu'il en soit, ce succès vous a propulsé au sommet de la gloire. Comment faites-vous pour gérez votre popularité nouvelle?

Ph : Vous savez, je pense que chacun a son rôle a jouer sur terre. Je crois en la destinée. Si la mienne est d'être célèbre et aimé de mes compatriotes, je l'accepte. Je ne suis pas comme tous ces malheureux qui courent après un bonheur qui leur échappe. Je pense que l'on doit se satisfaire de ce que l'on a, célèbre ou non. Que l'on soit pauvre ou bien riche, glorieux ou miséreux, nous sommes finalement tous égaux devant Dieu.

LT : Vous parlez de la destinée, de Dieu. Faites-vous partie de ces scientifiques qui se raccrochent à quelques concepts irrationnels?

Ph : Je n'aime pas vraiment parler de mes convictions. Dieu est en chacun de ceux qui acceptent de lui laisser une place au fond de leur coeur. Mais vous savez, c'est plus l'amour des gens que l'amour de Dieu qui me fait avancer. Nous vivons dans une société individualiste. Je pense que les gens devraient se soucier d'avantage de leur prochain. Au lieu de cela, on fait passer notre petit bonheur individuel avant celui de la collectivité. C'est à cause de cela que l'on voit aujourd'hui tant de haine et de guerres aux quatre coins de la planète. Regardez les récentes émeutes dans notre pays, si il y avait un peu plus de respect et un peu moins de rancoeur, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

LT : Mais revenons plutôt à vous. Quels sont vos projets dans un avenir proche?

Ph : Avec Bouli et Euzèb, nous allons organiser notre pendaison de crémaillère le samedi 3 décembre. Nous avons décidé de faire cela dans un cadre plutot intimiste, c'est pour cela que nous n'inviterons quasiment que les gens de l'école.

LT : Dernière question, êtes-vous célibataire?

Ph : Euh... joker.

LT : C'est de bonne guerre. Au nom de toute la rédaction, je vous remercie de nous avoir accueillis chez vous et de nous avoir accordé cette interview. Merci beaucoup.

Ph : Merci à vous.

MiKL, reporter d'avant-garde
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