Rugby Spirit

8 heures. Cachan. Il pleut. Aujourd'hui, le 12 Novembre, le combat ne fait que commencer. Ce matin, c'est l'avant-garde féminine qui entame la bataille. Le terrain est boueux et la première rencontre a des airs de finale: Lyon est opposé à Cachan. Le froid ankylosait nos troupes et l'échauffement eu l'effet d'un pétard mouillé: Aurélie tombe dès le début et ne se relève pas. Marie-Marine, la capitaine, mobilise ses troupes et le match commence.

Le lion est fébrile et n'arrive pas à sortir ses griffes. Profitant de la faiblesse de l'animal blessé, les trolls cachanaises envahissent le terrain et maitrisent toutes leurs phases de jeu. Après trois minutes seulement, Lyon encaisse difficilement le premier essai. Les filles de Lyon ne relèveront pas la tête, et le match se finit par 4 essais à 1. La journée n'est pas finie pour autant. Ed arrive et, cette fois, les lionnes sont énervées; les pauvres Ulmiennes se font ramasser. La supériorité est écrasante. Les filles réussissent tout ce qu'elles entreprennent: conservation du ballon, défense agressive et attaques foudroyantes. Les coachs sont fiers et les nombreux supporters sont en transe. Des images resteront gravées, des visages figés par la rage: Cécile, les yeux fermés, déchire le mur adverse, Audrey sert les dents et  cut in two les esquisses d'attaques adverses. Bref, Marie-Marine et ses filles ont réussi.

Les lionnes dépèceront de la même manière leurs troisièmes adversaires : Ker-Lann. Les balles fusent, et Lyon s'impose en attaque, en marquant un nombre incalculable d'essais. L'esprit du rugby s'est emparé des filles. On retiendra la remontée de Cécile pour sauver l'essai et, à la clé, un plaquage d'anthologie qui emmènera la pauvre Ker-Lannaise au CHU (elle sera rejointe par Rahan quelques heures plus tard...). Un grand Bravo à toutes les filles qui nous ont offert un spectacle fantastique.

Le champ de bataille se vide, mais pas pour longtemps, car ce sont les mâles qui prennent le relais. Le rugby est une guerre qui ne laisse aucun répit.

Les trousses à pharmacie sont prêtes (la ventoline et les pilules bicolores de thomas sont là...), tout est prêt, même la fée Chartreuse nous attend sur le bord du terrain. Lyon - Ker-Lann, premier choc. Tout devait bien se passer, pourtant l'arbitre siffle au bout de 2 minutes, alors que rien ne s'est passé. Le capitaine s'interroge et s'inquiète, la tension monte déjà. Nous sommes 16 sur le terrain. Que s'est-il passé? On soupçonne Cachan d'être derrière cette mascarade. L'arbitre veut nous infliger un coup dur en excluant un joueur plus le capitaine... Thomas fulmine, il crie au scandale: Nous sommes là pour jouer, c'est un match amical. Rien n'y fait, l'arbitre veut déstabiliser Lyon, allez savoir pourquoi. Un coup bas n'atteint jamais les grandes équipes. Lyon jouera à 14 avec Aurélien à la charnière; avec brio, il joue pour la première fois son rôle de meneur. Nous gagnons ce match à la force du poignet, et lavons l'affront dans la boue et la sueur.

Nous attendons dans le froid le prochain match, qui est plus qu'un match, une quête. La quête du titre suprême, le vainqueur des Inter-Ens. L'échauffement est exécuté avec précision, l'équipe est soudée, tous les regards s'assombrissent et les visages sont durs. Les harangues de Thomas et Ed enragent l'équipe: I don't know but I can say, Cachan's girls are better in bed. Le match approche. Nous ne formons qu'une seule entité menée par notre fée. Nous rentrons sur le terrain et faisons face au haka des taffioles cachanaises. Le match commence et l'affrontement est plus dur que nos pires cauchemars. Les coups s'enchainent et on entend de la touche que l'arbitre n'est autre que l'entraineur de merde de Cachan. On comprend mieux les insultes à nos joueurs, les en-avants et les pénalités non sifflés.

L'essai arrive vite et fait mener Cachan au bout de 5 minutes. Nous nous battons, vaillamment, notre défense tient, ce n'est plus du rugby. Mais que faire quand l'arbitre vous arrache tous les ballons? Notre 10, Ed, continuait à jouer en serrant les dents malgré une déchirure à la cuisse. Thomas en était à sa deuxième bombe de froid et se tenait le ventre entre deux plaquages. Pourtant, il ne serait sorti pour rien au monde. Euzeb se blesse aux cervicales mais ne se plaindra jamais. On ne compte plus les martyrs, mais la cause est juste: ils ont raison de se battre jusqu'au dernier souffle. Les tribunes portent Lyon et l'amène à reprendre le dessus.

L'offensive reprend et Cachan semble désemparé. Euzeb part et ne s'arrête qu'à 10 mètres de la ligne. On enchaine vite, poussant les Cachanais à la faute. La furie s'empare des Lyonnais car c'est la dernière chance. La brume envahit le terrain et le soleil a abandonné la contrée, il ne cautionne pas un tel spectacle. La pénalité est vite jouée, on avance encore et encore, jusqu'à 2 mètres de la ligne. Cachan est mort. Soudain un son strident déchire l'air. Quoi? C'est quoi ce bordel, vous vous foutez de nous? L'incompréhension envahit le coeur de l'équipe. Comment siffler? J'en ai marre de cet ambiance de merde, nous dit l'arbitre, votre numéro 10 n'a pas à crier. Le match est fini et la seule personne à baisser la tête est cet arbitre, fier de faire gagner son équipe, mais déshérité par l'esprit du rugby. Comment un tel homme a-t-il pu jouer au rugby? Il sortira en premier évitant les mains des Lyonnais et insultant nos supporters: Ils sont trop cons ces Lyonnais. Nous quittons le terrain, sans oublier de remercier nos adversaires, nous sommes heureux de les avoir affrontés. C'est vrai que nous avions les yeux rouges en prenant dans nos bras Audrey, Marie-Marine et Roxanne en pleurs. Alors merci à elles, et à tous ceux qui étaient là. Aussi merci à notre équipe...

Ah, au fait, nous avons gagné le dernier match. Le soir, grosse cuite pour tous les braves, Ah que nous t'aimons déesse Chartreuse et Esprit du Rugby.

Le Quinze de l'ENS,
A mort l'arbitre!!!
La Tartine n°39 - Répondre à cet article
La Tartine