Interactive Fiction

Combien d'heures passées à feuilleter Le Labyrinthe de la Mort, de Ian Livingstone, ou d'autres Livres dont vous êtes le héros : les Loup Solitaire où on gardait son personnage d'un livre à l'autre, les historiques où on devenait capitaine de galion espagnol, bref, que de pages tournées en avant puis en arrière, jusqu'à ce que le livre ne soit plus qu'un tas de pages arrachées. Sans se douter que, pendant ce temps-là, les proto-geeks de l'époque étaient déjà passés au stade supérieur... Car déjà, ils étaient passés à l'Interactive Fiction.


                 You are sprawled on the futon, staring up into that gloom. Your eyes
                 feel gritty. But it's too late -- early -- no time left for sleep,
                 anyway. In a few hours your ride will arrive.

                 On the desk are your to-do list and a travel book.

                 >look at list 
                 You won't accomplish much while slumped on the futon. That's been
                 getting slowly more apparent for hours now.

                 >stand up
                 You lever yourself upright. Umf. It's amazing how much lack of sleep
                 feels like a hangover, only without the preceding party.

                 >look
                 You glance around. The desk is, of course, an organized mess; 
                 overlapping piles of paper, inches high. The computer is a dusty
                 beige block, several generations out of date, poking up hopefully
                 from among the strata. The lamp hangs over all.[...]

                 Your luggage is piled untidily by the door. A potted hyacinth sits
                 beneath the window.

                 Come to think of it, as with a hangover, dehydration is probably
                 the problem.
                 Your mouth is dry wool.

L'histoire de Shade commence, elle ne se déroulera dans une seule pièce. Pourtant, ça n'en reste pas moins dépaysant que l'adaptation IF de the Hitchikker Guide to the Galaxy. Dans le principe, vous l'aurez compris, on tape des commandes (look at, \type{examine the plant, attack the bear) dans un terminal. Le problème est de trouver tout ce qu'on a le droit de faire, mais généralement tout le vocabulaire anglais d'un français moyen y est, avec un système de synonymes. Sorti des classiques genre Zork 1, où l'univers de trolls et de cavernes est moyennement imaginatif et rappelle un certain bouquin avec des anneaux dedans, l'IF devient très vite beaucoup plus riche. En effet, il n'y a vraiment aucune limite physique à l'univers et à ce qui peut se passer; et pas non plus de contrainte sur le fait que ça plaise à un maximum de gens, imposée dans les jeux habituels. On se retrouve donc à farfouiller dans un grenier anglais à la recherche d'une carte de Paris (Curses), à échapper aux Vogons (H2G2), dans la peau d'un ours en peluche (A Bear's Night Out) ou d'un drogué mal en point (Blue Chairs). Dans The Edifice, le joueur devient successivement différents hommes préhistoriques et doit apprendre à tailler des outils, allumer un feu, puis invente le langage et le dressage des animaux... Un autre grand classique est celui inclus dans emacs (M-x dunnet). Ne le cachons pas, les aventures sont souvent difficiles, même avec un peu d'entraînement, et quand on est bloqué c'est du Myst-like : ça ne bouge plus. C'est pour ça que les jeux ont toujours la soluce plus ou moins complète à côté, mais quel plaisir quand on a compris tout seul l'enchaînement à réaliser! L'IF a même développé un pan du jeu en réseau : les MUDs, Multi-User Dungeons, où l'action passe au temps réel et les joueurs évoluent dans le même monde. C'est encore plus difficile à jouer, mais assez rigolo quand il y a beaucoup de monde. La communauté de MUDders est encore très active aujourd'hui, et de nombreux MUDs sont disponibles, les plus avancés proposent des interfaces plus classes que le simple telnet. Mais est-ce vraiment ce que recherche le joueur habitué à taper ses commandes en blanc sur noir?

GLau

www.ifarchive.org pour plus d'infos et des introductions tranquilles...

La Tartine n°52 - Répondre à cet article
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