Foyer: parle avec eux

Nous sommes le mercredi 19 et je prend ma Tartine hebdomadaire, cherchant des yeux les fougeux articles qui attiseront ma flamme révolutionnaire et patriotique, si on considère que ma patrie, c'est le foyer. J'y attend de violents pamphlets contre monsieur R, l'annonce de la soirée prison, et toute sorte de suggestions, allant de la révolution au déplacement du foyer dans les catacombes secrètes de l'école.

Las! Rien de tout cela. Il faut en croire que mes jeunes camarades d'école sont trop occupés par leurs révisions, ou que chacun s'attendait comme moi à une telles multitude d'articles sur le sujet que l'oeuvre de sa plume serait inutile. Soit, je palierai donc moi-même à ce manque.

Commençons par résumer ce sur quoi tous ceux avec qui j'ai pu parler sont d'accord. Cette fameuse soirée de jeudi dernier n'avait rien d'exceptionnel. C'était une grosse soirée, certes, mais du genre qui se produit tout de même deux à trois fois par an en général. Tout s'est globalement bien passé, des organisateurs lucides étaient présents jusqu'au bout, ils ont tout lavé tout rangé.

Et pourtant, on nous vide encore une fois les frigos à la suite des événements de la nuit du 13 au 14. On reproche à cette soirée d'avoir mis une personne dans un état d'ébriété tel qu'elle s'est endormi au coin cheminée, et d'avoir blessé une autre personne, l'obligeant à se rendre aux urgences.

Et alors? Ce sont des accidents qui arrivent, et je ne voit pas ce qu'ils ont de grave. Si l'administration est choquée à la vue de personne endormies au coin cheminée, qu'elle le dise, et nous rentrerons ces personnes dans le foyer. Quand au deuxième point, je trouve qu'il mérite encore moins les foudres du deuxième étage. Quoi, on veux nous interdire de nous blesser? Va-t-on nous interdire aussi de tomber malade? Va-t-on m'interdire de descendre au foyer en glissant sur la rampe d'escalier?

Devoir aller aux urgence se faire poser quelques points de suture au crane ou à la figure est un accident tout à fait fréquent et sans gravité, et je suis convaincu que c'est tout ce qui arrivé à cette victime de la soirée. Et quand je pense au visage de Zuff il y a quelques mois, ou au bras de Phulbert, je ne peux que me dire que si l'administration voulait avoir une once de cohérence, elle devrait interdire le rugby. Et puis l'escalade aussi: c'est insensé de se promener à 10 mètes de hauteur suspendu à un simple bout de fil. De manière générale, le sport est une activité vraiment trop risquée pour être tolérable. En plus le temps gagné le jeudi après midi permettrait de caser quelques cours supplémentaires, histoire de réduire les immenses période d'improductivité des élèves.

Je déteste cette vieille excuse comme quoi si quelqu'un se fait mal, c'est l'école qui est responsable. Est-ce que l'école rembourse les frais de soins aux gens qui se font des tendinites au gymnase, d'ailleurs? S'il faut signer un papier attestant qu'on ne fera pas de procès à Monsieur Gillet si on se casse une jambe en buvant une bière, je le ferai volontier.

Soyons honnêtes, l'administration ne nous en veut pas uniquement pour ces deux raisons, celles mentionnées dans le mail qui nous a averti des sanctions prises à l'encontre du foyer. Elle nous reproche également certainement le bruit que fait le foyer, sans oser l'avouer car c'est finalement elle la principale responsable, elle qui a déplacé le foyer au milieu de l'école sans faire le moindre effort d'insonorisation.

Et puis, elle a maintenant pris l'habitude d'interdire l'alcool au foyer. Ou alors elle nous accuse de récidive, c'est une question de point de vue. Et pourtant... La dernière fois, nous avons cédé à toutes ses exigences. La chaîne autour du frigo a été mise en place, le réglement du foyer a été rédigé. Il n'y a pas eu à ma connaissance de personne bourrées laissée sans surveillance allant vandaliser quelque partie de l'école. Non, ce n'est pas qu'on nous accuse de ne pas avoir respecté les exigences passées, c'est qu'on exige plus de nous.

Enfin bref, si on ne tolère pas le genre de débordements de la soirée de jeudi dernier, c'est qu'on interdit tout simplement les soirées telles que nous les concevons. Depuis que je suis à l'école, je vois souvent des gens dormir par terre à la fin d'une soirée, je vois régulièrement des petits bobos (j'ai d'ailleurs emporté moi-même quelqu'un à l'acceuil en attendant qu'on l'envoie aux urgences). Ca n'empêche pas la Terre de tourner, ni l'école de fonctionner.

Maintenant, que faut-il en déduire? Faut-il expliquer à l'administration qu'un élève à besoin de moments de détente pour pouvoir travailler efficacement? Que d'avoir une vraie vie de l'école, et une cohésion de promo est une chance énorme? Que les soirées sont indispensables à la cohésion de la promo?

Suite à la dernière sanction de l'administration envers le foyer, j'avais eu une discussion avec M Gillet, il m'a assuré qu'il ne voulait pas que nous devenions tous ascètes (je cite, ici), qu'il comprenait l'importance des fêtes entre tous les élèves de l'école. A-t-il changé d'avis? Subit-il l'influence de M Ribard? Ignorait-il en quoi consiste une soirée au foyer? (L'a-t-il oublié depuis le temps où il était étudiant?)

Une chose me semble sûr, il nous faut discuter avec l'administration pour avoir les réponses à ces questions. Il faut trouver les moyens d'expliquer la vie d'étudiant à des gens qui l'ont oubliée. Par exemple, nous pourrions afficher quelques messages polis ici et là, où nos supérieurs hiérarchiques pourront les lire. Et puis chaque personne se sentant concerné par cette affaire pourrait envoyer un message à différentes personnes de l'administration, notamment messieurs Gillet et Ribard, lui expliquant comment il ressent cette sanction.

En effet, c'est ce que j'ai fait lors de la dernière crise, par la suite, M. Gillet m'a sollicité un entretien (tout à fait agréable, au demeurant) au cours duquel il m'a notamment dit qu'il aimerait beaucoup connaître mieux les sentiments des élèves qui ne sont pas RF ni du bde. Il faut montrer que nous ne sommes pas juste une bande d'ivrognes payés par l'état, mais des étudiants normaux qui savent quand bosser et quand profiter des dernières années de leur jeunesse (et qui savent écrire des mail avec des mots de plus de 5 lettres et des phrases de plus de 2 subordonnées).

Je suis vraiment convaincu que plus qu'une pétition ou toute autre action groupée, une multitude d'action personnelles montrerait vraiment à quelle point nous sommes blessés par les sanctions prises à l'encontre du foyer, et le mépris que l'administration témoigne envers ses administrés.

Voila, j'ai fini cet article, je me lance dans la rédaction d'une lettre pour monsieur Ribard et d'une pour monsieur Gillet. J'espère que nous parviendrons à vaincre ce manque total de compréhension avant de tomber dans un véritable affrontement, et que l'école redeviendra le lieu de vie chaleureux qu'elle était quand j'y suis arrivé. Cette conclusion est vraiment bateau, mais tant pis.

Cyril

La Tartine n°55 - Répondre à cet article
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