C'est l'histoire d'un foyer...

Suite aux récentes mesures prises par MM. Gillet et Ribar, nos chers dirigeants/directeurs/dictateurs/despotes (nous simplifierons par D, à vous de rayer la mention inutile), je tenais à exposer aux étudiants les différents choses que j'ai pu entendre, et pourquoi les arguments qui nous sont exposés ne tiennent pas la route, et cachent donc quelque chose selon moi.

Tout d'abord, nos D reprochent aux élèves d'avoir accueilli des gens de l'extérieur à une soirée au sein du foyer. La convention de mise à disposition du foyer stipule que si le président du BdE est au courant, des gens extérieurs à l'école peuvent entrer au foyer. M. Gillet a répondu à Julien qu'il se fout de cette convention. Pourtant il m'a dit lui-même que quand on accepte un poste, on accepte ce que ses prédécesseurs ont accepté que ça plaise ou non. Il est donc selon ses propres mots obligé d'accepter les termes de la convention signée par MM. Aubert et Bigot en 1989. De plus l'administration n'a aucunement vérifié que les gens trouvés (celui au coin cheminée et celui qui est parti à l'hôpital) n'étaient pas adhérents BdE, auquel cas ils avaient tous les droits d'être au foyer lors de la soirée de Jeudi 13. Cette soirée du 13 était en effet une soirée où il y avait un certain nombre d'extérieurs, ou plutôt d'anciens de l'école qui revenaient voir leurs potes et découvrir le nouveau foyer. Il est vrai qu'ils ne sont pas passés par l'accueil... Je ne vois pas là de faute grave, surtout que ce genre de soirée n'est pas chose courante. Si c'est la présence d'extérieurs qui est gênante, pourquoi interdire l'alcool et fermer le foyer, il n'y a aucun lien, surtout que 99 % des soirées se font sans vieux.

Nos D trouvent grave que quelqu'un soit parti à l'hôpital après qu'il ait été bousculé? Je précise que après investigations, il n'y a pas eu de bousculade, il a juste été bousculé: la nuance peut paraître faible, il n'empêche qu'elle souligne qu'il n'y a eu aucun acte de violence. Premièrement ce n'est pas la première fois que cela arrive, et ce ne sera pas la dernière, avec ou sans alcool, foyer fermé à 1h ou pas (Frérot s'est quand même méchamment ouvert la main l'an dernier). Si vous avez tant peur que ça que nous nous blessions, vous n'auriez pas du nous laisser monter les banquettes nous-mêmes, ça peut être dangereux ces choses-là. Et puis il y a quand même eu plus de blessés au rugby cette année qu'au foyer: sans vouloir être cynique, presque un mort avec le MIT, et en plus au moins deux épaules déboitées, un genou, une cheville et j'en passe... Je ne comprends donc pas pourquoi nos D n'interdisent pas le rugby s'ils tiennent tant que ça à notre santé. De plus il y a eu un accident au cours d'une soirée sur N (N>>1) soirées au foyer: je ne vois pas là d'arguments valable pour les mesures prises.

Nos D n'apprécient pas que quelqu'un ait dormi au coin cheminée? Cette personne n'y a pas dormi, quand la soirée a été rangée, elle n'y était pas, elle est revenue après. OK, cette personne avait sûrement bu trop de bières la veille et était saoule, mais je pense qu'il est préférable que cette personne soit restée là plutôt qu'elle sorte, rentre chez elle, et manque de faire une bêtise ou de se faire renverser. Et puis elle ne les a pas abimées les banquettes. Il faut préciser que si comme M. Gillet le croit, il était pénalement responsable (j'y reviens plus loin) si la personne était saoule à cause d'une soirée au foyer, et qu'il rentre et a un accident, c'est lui le responsable. Autant le laisser au coin cheminée avec des yeux à proximité. Et en mettant là le foyer, les D savaient qu'un jour on y trouverait quelqu'un un matin. D'où la réflexion logique: cette interdiction était-elle prévue à l'avance? A moins que comme beaucoup le croient, le but était juste de faire peur au nouveau BdE en leur mettant un peu de pression. Pas de bol, je ne crois pas que ça leur ait fait peur.

Un autre argument que M. Ribar nous a avancé est que la boîte qui gère la sécurité (Securitas) est une boîte extérieure, et que cela risque de ternir l'image de notre prestigieuse et belle école (qui ressemble de plus en plus à des labos avec des salles de cours qu'à une école d'ailleurs). Alors là je dois avouer qu'entendre ça a quand même été très drôle. D'où ma question: qu'est-il mieux? Que les élèves se sentent mal et s'ennuient dans cette école, mais que de l'extérieur on n'ait rien à reprocher à l'administration; ou que les élèves soient heureux d'être là, et que l'école ait une réputation de lieu où on sait s'amuser? (Chose pour laquelle ou nous a d'ailleurs félicité au Challenge Centrale). Parce que bon c'est vrai qu'en continuant ainsi, moi voilà comment je vois l'avenir: si le BdE fait l'accueil des admissibles (s'il le fait, ce que soit dit-en passant, je ne l'encourage pas forcément à faire), beaucoup de personnes ont l'intention de passer au foyer tout les soirs et de dire ce qu'ils pensent aux admissibles (c'est-à-dire des trucs pas glorieux pour l'école).

C'est sûr que la promotion de normaliens, on l'aura toujours (quoi que ça me fera marrer le jour où on ne la remplira pas la promotion, parce que on va quand même chercher de plus en plus loin sur la liste secondaire). Pour les auditeurs c'est une autre histoire. A l'heure actuelle, un auditeur qui a le choix entre une école d'ingénieur et l'ENS et qui a entendu du bien de l'ENS peux hésiter et venir à l'ENS. Si maintenant on lui dit que le foyer ferme à 1h, qu'aux soirées il y a 15 pèlerins, je crois que son choix sera vite fait. Ce sera marrant pour les stat' si en 2 ans on perd 50 personnes par promotion, j'en connais au ministère qui ne vont pas comprendre. M. Gillet trouve qu'il est très triste qu'on arrive à penser que la vie d'une école et son attrait ne repose que sur l'alcool et l'ouverture du foyer. La réponse est: oui cela se juge entre autres là-dessus, ayons un peu les yeux ouverts et ne soyons pas hypocrites. Oui entre une école où il y a de l'alcool et la même sans, le choix sera vite fait.

M. Gillet pense que l'addiction à l'alcool est une maladie, et qu'il fait partie de la mission d'éducation de l'école d'en préserver ses étudiants. Là je dois avouer que je rigole aussi. Il n'y a pas de cas d'alcoolisme dans cette école, il y a juste des gens qui pour certains aiment bien de temps en temps se mettre une bonne grosse mine. C'est tout. Ne me faites pas croire que nos D ne l'ont jamais fait. On est loin du cas de Centrale Lyon, plus gros consommateurs de bières de la région (sic). Nous restons une petite école calme et paisible. Une telle punition est surement démocratique, aurait pu nous dire M. Gillet. Que ce soit le groupe qui prend pour une erreur, on fait ça à la légion; mais ce n'est pas ma définition

de la démocratie. Mais bon, à propos de la démocratie, ce n'est pas la première fois que nos avis divergent.

D'un autre côté, il est vrai que M. Gillet nous avait prévenus qu'il y avait selon lui un problème. Mais dans ce qui s'est passé Jeudi 13, je ne vois rien de rien qui n'ait pas été respecté par le BdE suite au papier signé début Janvier; il paraît que M. Gillet a vu des gens une bière à la main en journée (si cela est vrai, n'était-ce pas un jeudi après-midi, auquel cas cela est autorisé?). Moi je n'en ai jamais vu, et je pense avoir passé plus de temps au foyer que lui. Les frigos ont toujours été fermés et ouverts conformément à ce qui a été signé, les RF sont là pour ça et ont très bien fait leur travail. Mais on ne peut empêcher un mec de venir avec sa bière au foyer, il n'y a pas tous les jours des gens pour surveiller. Le mec qui s'est blessé, on ne l'a pas laissé mourir sur place, le gars bourré, on a essayé de le réveiller, on s'est ensuite rendu compte qu'il fallait mieux le laisser là et cela a été fait consciemment; moi là, je vois des organisateurs de soirée responsables et qui savent ce qu'ils font.

L'une des raisons du problème est peut-être la non-compréhension, et pire la non recherche de compréhension de la part de l'administration. Quand je lit pour la je-ne-sais-pas-combien-ième de fois que l'administration a prévenu le responsable du foyer dans la note venant du Secrétariat Général, je me dis que rien n'a été compris sur le mode de fonctionnement de ce foyer, et que rien n'a été fait pour le comprendre (pourtant on a essayé d'expliquer le mode de fonctionnement de ce lieu). Je voudrais souligner un autre point qui peut paraître bien lointain, mais qui pourtant est lié selon moi: chers lecteurs de la Tartine, saviez vous que les départements DSM, DSVT, DMI n'existent plus? Avez-vous été prévenu? Je pense apprendre cela à beaucoup de gens, alors que ce n'est pas à moi de le faire. Je ne comprends vraiment pas pourquoi l'administration ne nous communique pas de telles informations à propos de l'évolution de l'Ecole. A moins que les élèves ne soient pas importants à leurs yeux...

Voilà, moi je ne comprends donc vraiment pas: suite à une soirée où il n'y a pas eu de débordements, pas de violence, pas de vomis au coin cheminée, pas de dégradations matériels, juste du monde, une telle décision arbitraire est prise. Je ne pense pas que les élèves de cette école soient très exigeants et très compliqués. Ils rendent d'ailleurs même de nombreux services ; l'administration se rend-elle compte de quel boulot représente cette accueil des admissibles (et ils veulent en plus qu'on aille faire de la pub à Ulm)?

Sortie du labo à 18h, être à l'école à 18h30, commencez à attendre les admissibles et les faire visiter et manger, les détendre, les déstresser, les envoyer au lit pas trop tard, laver le foyer, rentrer chez soi à 23h30, dîner (car cela n'a pas été fait en même temps que les admissibles pour des raisons de budgets), dormir, et on reprend le lendemain. Pendant plus d'un mois. Gratuitement. Plus une plaquette qui prend un temps fou à être faite, récupérer des articles, des sponsors qui la payeront, faire la mise en page tout ça pour redorer le blason de cette belle et prestigieuse école. Moi à la place du BdE je ne vois pas pourquoi je me casserai le ... à perdre autant de temps. Idem pour l'accueil des admis, l'administration se repose beaucoup sur le boulot du BdE. Certes, cela permet à eux aussi de voir tout le monde et de faire visiter les gens un par un, mais ça serait marrant une rentrée sans personnes aux t-shirts colorés en train de courir partout. Je connais beaucoup de gens qui seraient bien paumés.

Surtout que tout ça n'est pas le seul problème; je ne parle pas du non-suivi du courrier (quand on sait que des convocations d'agreg' ont été renvoyés au rectorat...) pour lequel les élèves ne sont pas les seuls à se plaindre, il en est de même dans les labos. Sans parler non plus de cette salle pour le Club Geek pour laquelle il m'a été dit oui oui ça devrait être bon envoye moi juste un mail et qui finalement est attribuée à je-ne-sais-quel-service de l'école trois semaines plus tard (info que j'ai eu par une autre personne d'ailleurs). Bon, ne soyons pas hypocrite encore une fois, on a quand même récupéré des locaux (qui ne servaient plus de toute façon) pour y mettre BDThek, Gala et Clubs. Et le bail pour la résidence, bien que je ne l'ai pas lu, est dans l'idée une bonne chose, mais qui j'en suis convaincu arrange bien les deux partis. La construction du nouveau foyer quant à elle était inscrite dans le plan quadriennal du précédent directeur donc elle était obligatoire, précisons-le (puis ça fait tache pour le nouveau plan quadriennal de dire que ce qui était prévu pour les élèves n'a pas été fait... comment alors obtenir plus d'argent pour nos labos).

Nos chers D ont aussi visiblement peur pour leur responsabilité. Outre le fait que le président du BdE a autant de responsabilités qu'eux (si si, j'ai vérifié), et que lui accepte de les prendre (tout autant que quand il emmène 350 personnes au WEI sous sa responsabilité, il en prend des risques) (ah oui Julien, on a oublié de te dire, si il y a des accidents au WEI, c'est toi qui prend), on a qu'à faire un petit deal: ils interdisent l'alcool mais ne vérifient pas que l'interdiction est respectée et ils nous laissent gérer la vie associative de l'école. Ils sont tranquilles, ce n'est plus leur responsabilité. Et nous peut-être qu'on fera un accueil des admissibles gentil.

Nio

La Tartine n°55 - Répondre à cet article
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